Guy Royer

Ingénieur des Arts et Métiers

L'initiateur du solaire thermique en Bretagne

Un ingénieur qui construit des usines

C'est en qualité de directeur de la SMB (Société Métallurgique de Bretagne) que Guy Royer conçoit et construit des usines en France et en Algérie au lendemain de la 2ème guerre mondiale. Ces usines, construites en structure métallique, doivent être imaginées, budgétisées dans le moindre détail et vendues généralement en une seule réunion auprès des commanditaires.

À droite, ancienne usine Chaffoteaux : en 1914, les frères Chaffoteaux quittent les Ardennes et installent une fonderie au Légué, le port de Saint-Brieuc.

À
la même époque, les frères Maury, installés à Evreux en Normandie, fabriquent des chauffe-bains sous la marque Bayard.
1929 : la société Chaffoteaux prend le contrôle de l'entreprise des frères Maury.
1955 : création de la chaudière murale à gaz «Celtic».
Mai 1968 : décision est prise de quitter le site du Légué.
ancienne usine Chaffoteaux.jpg
Chaffoteaux-photo-d-archives-le-telegramme_3215151.jpg

L'ingénieur devient architecte

L'Ordre des architectes, mis au courant que Guy Royer (qui est ingénieur de formation) conçoit et construit des usines en France et à l'étranger, tente de lui imposer la présence d'un architecte dans son équipe. Mais les architectes ne sont pas formés à répondre à la vitesse attendue par le monde industriel. Qu'à cela ne tienne, Guy Royer suit la formation requise et devient lui-même architecte.

C'est ainsi qu'il sera en 1969 le concepteur de la nouvelle usine Chaffoteaux & Maury (60.000 m², 3.000 m² de bureaux, etc...), qui se construit dans la zone industrielle des Châtelets, près de Saint-Brieuc.

Le projet de la maison solaire Elf-Chaffoteaux

Ainsi est-il rapidement informé du projet de concours de maison solaire financé par Elf-Chaffoteaux.
Nous sommes au lendemain du premier choc pétrolier de 1974 et Chaffoteaux a le projet de fabriquer dans son usine des capteurs solaires thermiques.

Le lauréat du concours

Guy Royer se présente au concours et fort justement il en est le lauréat* (en 1976).
Après deux ans de mesure des performances énergétiques solaires, les résultats sont rendus officiels (c'est le Costic qui a mené la campagne de mesure) :
 69 % de couverture des besoins en chauffage annuels !
(* Il a réhabilité en l'améliorant le travail de recherche de Mr Missenard sur le rayonnement de parois à basse température).

maison Chaffoteaux.jpg

                            Un succès triomphal

                            Ce résultat fait l'effet d'une bombe :

                            • Les expériences solaires à l'époque avaient toutes lieu dans le sud-est de la France et tous étaient persuadés qu'il était impossible de faire du chauffage solaire en Bretagne.

                            • Personne jusque-là n'avait atteint un tel résultat, et en plus en zone de rayonnement diffus élevé !

                            Chercheur-enseignant en université

                            Chaffoteaux exulte, car leur pari est gagné. Ils créent la première chaine de construction de capteurs solaires thermiques dans leur usine de Saint-Brieuc.

                            En visite sur le site de la maison solaire, après écoute des explications de Guy Royer sur les innovations qu'il a apporté à la conception des maisons solaires, le Professeur Bombré (de l'université de Perpignan), accompagné du Professeur Decamps et d'une quarantaine d'élèves de l'université de Rennes, l'invite à devenir chercheur-enseignant en université.

                            historique-Chaffoteaux1978.jpg
                            université de physique-Rennes.JPG

                            Ingénieur, Architecte, puis Docteur es Science

                            Ainsi dit, ainsi fait : Guy Royer va tout d'abord, en réponse à l'invitation de Mr Bombré, préparer sa thèse d'ingénieur-Docteur à Perpignan. Mais c'est finalement à Rennes en 1982 qu'il recevra son diplôme d'Ingénieur-Docteur sous la direction de Mr Decamps (ancien chercheur au CNRS). Puis, tout en enseignant en tant que chercheur-enseignant à l'université de Rennes 1 (image à gauche) dans le laboratoire de Physique-environnement (créé par Edmond Decamps), il va préparer un Doctorat d'Etat qu'il soutiendra avec succès à Rennes en 2002. Ses mentors vont le mettre également en lien avec la C.O.M.P.L.E.S (coopération méditerranéenne pour l'énergie solaire), organisation dont ils sont tous les deux membres. Il obtiendra plusieurs prix scientifiques de haut niveau (voir en bas de page).

                            Parallèlement Gur Royer conservera son inscription à l'Ordre des architectes afin d'être en mesure de réaliser d'autres constructions pour améliorer encore les performances énergétiques obtenues.

                            C'est ainsi qu'il construira 1 maison par an en moyenne et parviendra à réduire la surface nécessaire de capteurs, tout en faisant progresser la couverture potentielle des besoins solaires annuels jusqu'à 100%.

                            Succès puis arrêt brutal

                            En 1984 a lieu à Arc et Senan (voir image à droite) une rencontre nationale d'une semaine sur le thème des énergies renouvelables. Guy Royer et son groupe de travail de l'université de Rennes (dont Edmond Descamps) s'y rendent. A l'issue de la rencontre Guy Royer est choisi comme porte-parole de son équipe et il adresse son message à l'intention de François Mitterand (Président de la République) en faisant valoir qu'une installation solaire démonstrative pour les français serait la bienvenue à l'Elysée ou à Matignon.

                            Une semaine plus tard il est convoqué à l'Elysée et François Mitterand lui passe commande de la transformation d'un bâtiment en maison solaire dans son domaine de Latché, dans les Landes. Bien que le Président de la République fût très satisfait du résultat, il ne s'ensuivit aucune autre commande.

                            saline-royale-arc-senans.jpg
                            carte_centrale_nucleaire_france.jpg

                            Le choix du nucléaire

                            C'est que peu de temps auparavant, la France venait de s'engager dans le déploiement massif de l'énergie nucléaire.
                            Un jour en revenant d'une réunion du ministère, Mr Michel Neny, Président de Chaffoteaux téléphone à Guy Royer et lui déclare d'emblée que "c'est fini !" pour le soleil thermique.
                            Il lui annonce qu'il doit fermer la ligne de fabrication de capteurs solaires récemment ouverte à Boulogne sur Mer.

                            Conséquences de ce choix énergétique

                            En effet lorsque l'on décide de pourvoir aux besoins en énergie d'un pays grâce à l'énergie nucléaire, on fait le choix d'une énergie produite rapidement en grande quantité et que l'on ne peut pas stocker. Il faut donc la consommer tout de suite.
                            Pour ce faire il faut également que la plupart des besoins énergétiques puissent être couverts au moyen de l'énergie électrique et en particulier le plus important de tous (hors secteur industriel), le besoin en chauffage ! (35% de la consommation énergétique en France).
                            Ainsi Total rachètera les 39 fabricants de capteurs solaires existants en France à cette époque pour fermer ces entreprises.
                            A cette même époque, une prime était octroyée aux maîtres d’ouvrage qui installaient du chauffage électrique dans leurs constructions.

                            Des prouesses mises en sommeil

                            Lorsque Guy prend sa retraite (à 75 ans) avec l'équipe du Professeur Decamps, le département de recherche qui avait été créé autour de ses innovations solaires est fermé.

                            Un réveil inattendu

                            C'est en 2011 que Jean-Pierre Rimsky-Korsakoff (architecte DPLG) rencontre Guy Royer et découvre avec beaucoup d'intérêt son travail de recherche.
                            Après s'être formé pendant 2 ans auprès de l'ingénieur Guy Royer (sur la thermique du bâtiment), Jean-Pierre Rimsky-Korsakoff décide en 2013 de promouvoir à son tour ce concept original de maison solaire.

                            Il donne un nom à ce concept : "l'Héliophore" (©).  

                               Jean-Pierre Rimsky-Korsakoff

                            soleil d'or à 3 fasces bicolores1.png
                            réchauffement climatique.jpg

                            Faire face au réchauffement climatique

                            La part revenant au chauffage dans le budget des ménages n'a pas baissé depuis des années et représente aujourd'hui 70% des dépenses énergétiques du foyer.

                            Malgré les efforts consentis par nombre de famille pour réduire leur consommation énergétique en rénovant leur logement et en régulant au mieux leur appareils de chauffage, le coût du chauffage pour les ménages continue à augmenter. A cela deux causes principales :
                            - d'une part, la hausse constante du prix de l'énergie, qu'elle concerne l'électricité, le gaz ou le fioul.
                            - d'autre part, la durée de vie de plus en plus brève des appareils de chauffage et le coût élevé de leur maintenance.
                            De plus, depuis le Grenelle de l'environnement, nous nous sommes engagés collectivement à réduire nos émissions de gaz à effet de serre afin de limiter le dérèglement climatique.

                            Face à cette situation, le chauffage solaire est une solution, car il est gratuit, ne produit pas de CO2, se contente d’une maintenance très réduite et a une durée de vie bien supérieure à 20 ans !


                            Thèse de Doctorat en Physique

                            Étude systémique de l'utilisation du potentiel de l'énergie solaire

                            Sous la direction de Edmond Decamps- Soutenue en 2002 à l'Université Rennes 1
                            Résumé :
                            L'analyse des moyens de l'utilisation de l'énergie solaire au profit de l'habitat nous a conduit à reprendre les travaux de MISSENARD sur le rayonnement de parois , d'approfondir l'étude de cette méthode originale de transmission de chaleur, pour en développer les applications tant au profit du chauffage que de la climatisation. Notre première réalisation vit le jour, à la faveur du choc pétrolier de 1974, sous la forme d'une maison solaire expérimentale (Elf-Chaffoteaux) à Ploufragan. Cette maison comprenait 45 m2 de capteurs solaires dont 35 m2 consacrés au chauffage et 10 m2 à la production d'eau chaude sanitaire. Le stockage thermique y était obtenu par voie hydraulique et constitué de 3,6 m3 d'eau glycolée. Les observations faites révélèrent les grandes possibilités du rayonnement diffus élevé dont on dispose l'hiver dans nos régions, à la condition de s'en tenir à un niveau de température ( 26 - 32 ʿC ) compatible avec le rayonnement de parois de l'habitat exploitable pour le chauffage. Une étude faite, dans les années 70, de la consommation d'énergie de l'habitat, a montré que le chauffage en était de loin le poste le plus important ( 10 à 15. 000 KWH/an contre 3600 KWH pour l'E. C. S. ). A la faveur de Maîtres d'ouvrage convaincus qui acceptaient de participer aux essais pour bénéficier des progrès obtenus et de nous recevoir pour des campagnes de mesures in-situ , nous avons poursuivi nos études. Les améliorations ont été considérables, puisque aussi bien, aujourd'hui, une maison solaire bien faite se contente de 16 m2 de capteurs économiques dans les régions du Nord de la Loire, pour le chauffage et la production d'eau chaude sanitaire.
                            diplome_doctorat_ris.jpg
                            60410-Y-2.jpg

                            Récompenses obtenues

                            • Le Prix du Stockage Thermique à Rennes en 1981 (le chercheur correspondant du solaire à l'INSA était Henry CORTEZ)

                            • Le Grand Prix de l'Académie Solaire en 1983 (patronné par la COMPLES)

                            • La Médaille Scientifique de la ville de Rennes en 1985